Carmilla

Londres 1845 : Là où Stoker a délaissé son monstre et Verne marqué sa puissance
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 For that sweet bird of youth [PV Charles Meyers]

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MessageSujet: For that sweet bird of youth [PV Charles Meyers] For that sweet bird of youth [PV Charles Meyers] EmptyDim 30 Mar - 11:53


Il restait bien encore une toute petite place quelque part. Inutile, d'ailleurs, de se ménager une vaste page blanche ; un véritable artiste verrait le défi d'insérer sa propre oeuvre sur un canevas déjà noirci par ses prédécesseurs. Et depuis qu'il avait repêché ce cadavre dans la Tamise, Symon avait senti ses vieux démons se réveiller. Lorsqu'il avait, pour la première fois, placé sa peau sous l'aiguille, il n'était encore qu'un gamin à peine duveteux et pourtant cela n'avait rien d'un accès de frime devant des copains plus âgés ; il allait partir sur les routes, c'était décidé, mais le risque étant salement réel, il tenait à faire un beau cadavre, un cadavre identifiable. Même si on lui prenait tous ses vêtements, qu'on lui écrasait le visage à coups de poing, il fallait qu'on puisse le ramener à sa mère et qu'elle le mette en terre selon les rites. Il avait donc fait inscrire son nom sur les phalanges de sa main droite. Il avait encore un nom, à cette époque-là.

Le type lui avait demandé s'il voulait quelque chose sur la main gauche : un mot en quatre lettres, à tout hasard il avait choisi "FUCK". Là, par contre, c'était pour la frime. Et depuis, les séances s'étaient succédées, de temps en temps, quand ça le reprenait : qu'on se souvienne qu'il avait fait ci, qu'on se souvienne qu'il avait fait ça... des indices pour le pauvre diable qui le retrouverait dans un caniveau comme on retrouve un livre ésotérique, et au final, un gribouillage illisible, sur lequel personne n'aurait le courage de se pencher. Mais c'était devenu sa mémoire à lui. C'est ce que ces tatouages avaient toujours été, en réalité, il en avait presque conscience, dans un coin de son esprit. Les années et les voyages avaient passé, mais il ne pouvait rien oublié : chaque chapitre d'importance restait gravé dans sa chair.

Aujourd'hui, après y avoir bien réfléchi, et avoir reculé bien des fois, il venait de craquer, en passant devant la terrasse bardée d'écriteaux, les calligraphies soignées, et les appareils menaçants. Il y avait un dernier chapitre à ajouter - un avant-dernier plutôt, le dernier étant son affiliation à l'ordre des Traqueurs, dont il avait la marque officielle quelque part dans l'embrouillamini qui habillait ses bras. Non, avant ça, il s'était passé un petit quelque chose, et le lien de ce quelque chose avec l'esclavage pur et simple lui inspirait une sorte de dégoût à l'idée de se faire marquer au fer rouge comme un petit veau en souvenir. Mais il savait que ça le travaillerait s'il laissait traîner cette obligation rituelle. Il voulait pouvoir laisser ça derrière lui, comme le restant de ses aventures. Restait à trouver un motif qui représenterait la chose à ses yeux. Le tatoueur était un professionnel digne de ce nom ; il lui présenta un ouvrage reproduisant ses créations, afin de l'inspirer au besoin. Inutile de se perdre en dialogues, ils avaient tous deux plus d'encre que de peau visible et se reconnaissaient à ce titre comme des habitués respectifs, bien qu'ils ne se soient jamais vus.

Symon alla s'asseoir au fond de la boutique, un vague œil sur l'activité de la rue, pour feuilleter à loisir la brochure proposée. Il fallait quelque chose d'aveugle, qui évoque l'inconscience ; quelque chose d'armé, de tranchant, à la fois humain et pas vraiment humain ; quelque chose qui frappe, qui exerce le châtiment d'une plus haute instance, un simple véhicule pour la volonté meurtrière d'autrui... Il finit par sélectionner deux pages. L'associé de l'artiste installait un autre client, après avoir pendu ses effets sur un crochet au mur, entre deux têtes empaillées. Symon salua vaguement l'inconnu puis éleva la voix à l'intention du boutiquier, tout en se livrant à son tour à la formalité d'usage, retirant sa chemise à carreaux pour dévoiler la fresque qui couvrait sa carcasse sèche :

"Vous pourriez me mixer l'ange exterminateur avec la justice aveugle ? Je voudrais combiner l'épée et le bandeau sur les yeux. J'ai déjà deux grosses ailes au milieu du torse, si vous pouvez les réutiliser ; sinon, je crois qu'il reste de la place dans le dos."

Symon Akmagus
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MessageSujet: Re: For that sweet bird of youth [PV Charles Meyers] For that sweet bird of youth [PV Charles Meyers] EmptyMar 8 Avr - 18:49

[désolé du retard, des soucis de vie privée et l'incapacité à me décider sur le motif du tatouage]


L'acte de se faire tatouer est, dans beaucoup de civilisation un acte rituel d'importance, processus physique lors duquel la chair est appelée à subir une modification durable afin d'associer au corps une symbolique lourde de sens. Dans le cas de notre cher mister Meyers, cela était issu d'un processus long de réflexion, après avoir rampé sous les balles et les coups de canons, fait face aux sabres et aux lances, aux rigueurs de l'hiver, il avait subit maints blessures que son corps avait enduré et, pourtant il en avait eût maintes fois l'occasion, sans jamais pensé à célébrer la chose. Souvent trop occupé à survivre ou tenter de faire sa pelote, il était enfin de retour dans cette bonne vieille Angleterre et tellement de choses avaient changées. Après tant d'années à parcourir l'Asie centrale et extrême-orientale sous les drapeaux les plus divers, il ne revenait pas pauvre mais muni d'une agréable rente, qui lui avait permise de se loger dans un petit appartement du quatrième étage d'un quartier calme, au 221 B Baker Street (encore que la logeuse paraissait trop curieuse). A présent désœuvré et encore dans ces malles qui lui avaient été récemment livrées depuis le bateau, il cherchait à reprendre pied dans la civilisation londonienne mais le fait était que son père l'avait déshérité et renié, sa famille le prenant pour mort au deux tiers et aucun ami, il se sentait comme vide et sans attache. Il s'était fait tout un film de ce retour qui avait finalement le goût du papier mâché. Préférant s'occuper plutôt que de sombrer, il passait à présent de longues heures dans les bibliothèques et à la Société Royale d'Exploration de Londres pour tenter de se trouver un nouveau souffle avant de se décider à s'essayer à une nouvelle lubie : le tatouage, manière pour lui d'inscrire dans son corps son passé, son histoire.
Après de longues tergiversations, et l'étude sur de solides sujets de Sa Très Glorieuse Majesté de l'impact du tatouage sur la vie sociale, Charles s'était finalement décidé pour son premier dessin, juste un mot en Grec moderne et en lettre stylisées qui allaient courir autour de l'avant-bras droit, le bras du tireur, celui qui tire le sabre. Celui qui frappe le premier et surtout agit : κλέφτες [Klephtes] qui signifie "voleurs", du noms des bandes de partisans et maraudeurs grecques de l'insurrection contre les Ottomans, parmi les premiers mentors du jeune Charles. A la fois un défi, un hommage et une symbolique, une bonne façon de résumer le tatouage ? Non ?

Cette idée en tête dûment stylisée par un étudiant des beaux-arts payé à la feuille, Charles s'était rendu à un tatoueur conseillé de bouches à oreilles par de vieux vétéran blanchis sous le harnais et alors qu'il se préparait à s'installer il pouvait voir que l'on préparait une seconde place pour un autre client. Charles ôta sans pudeur aucune sa bonne chemise de lin blanc pour se retrouver torse nu, un torse puissant et musculeux, couturé de cicatrices, impacts de balles, coupures, déchirures et barbelures, un cuir rapé et vieilli par la guerre et le sel de mer. Posant sa chemise sur la chaise au-dessus de laquelle étaient suspendus son gilet et sa veste, ces lourdes bottines de cuir reposant sous la chaise dans un ordonnancement très militaires, il s'étira avec langueur avant de s'asseoir en jetant un coup d'oeil à l'autre patient puis à l'apprenti du tatoueur. Il attendait les gestes de celui-ci qui, un peu plus loin préparait déjà ces instruments et surtout ces encres, étudiait formes et dessins pour les graver sur sa rétine avant que de pouvoir le faire sur la peau.

Il jaugeait l'homme au tatouage, faisait courir sur la peau qui passait à sa portée ces yeux, soulignaient les muscles et surtout les volutes, les arrondis et la plénitude de l'encre qui faisait de Symon un livre d'heure ouvert.

-"Permettez de vous dérangez, monsieur, mais pourquoi ce choix ?"

Autant être direct et simple, après tout, se battre contre les Ouigours et les Afghans n'avait pas enseigné la subtilité, juste la survie. Et tout en se faisant, étirait son bras alors que l'acolyte resserrait les sangles qui maintiendraient le bras en place durant toute l'opération.



Charles Meyers
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MessageSujet: Re: For that sweet bird of youth [PV Charles Meyers] For that sweet bird of youth [PV Charles Meyers] EmptyMar 8 Avr - 23:08

Une petite vieille dans un salon cossu, qu'elle porte le patronyme d'une rivière New-Yorkaise ou autre, aurait probablement levé un sourcil outré devant l'impertinence de cette entrée en matière aussi cavalière que sobrement troussée. Là, en l'occurrence, c'était un vieux coyote échevelé comme un as de pique ; il haussa effectivement un sourcil, mais c'était plutôt pour signaler un étonnement charmé, car en pareil cadre, la moyenne de mots par phrase était largement dépassée. Pour un aventurier venu se faire agrémenter la couenne, le bonhomme y mettait les formes, et l'effort était louable. Peut-être un de ces novices qui craignent de tourner de l'oeil et se distraient en bavardant ? Cette perspective éveilla son intérêt, d'autant qu'il pratiquait lui-même la chose chez le médecin, ou ne serait-ce qu'à proximité d'un pratiquant de cette froide profession.

"De quel choix on parle, l'ami ? J'en ai tout un roman à votre service."

Il éclata d'un rire aimable en se tournant sans gêne ni pudeur pour faire admirer la bête, tandis que le praticien l'examinait de l'oeil détaché du connaisseur blasé. L'index carré toucha le sternum déjà noirci d'encre, on allait se tenter le torse. Symon hocha la tête et prit place, bien calé pour ne pas avoir à déranger l'artiste sous prétexte d'une crampe ou de fourmis dans les orteils. Son attention et son sérieux revinrent au voisin de table. En l'espace d'un battement de cils, il décida qu'il pouvait bien être franc avec lui, sans lui déballer brutalement toute l'histoire. Il ne lui avait rien fait, le pauvre. C'était probablement une question rhétorique, pour lancer quelque chose, comme on bricole une bouteille à la mer ; inutile de charger de blessures mal refermées cette ambiance où s’élèverait bientôt le parfum léger de leur sang frais.

"C'est un code. Une note à moi-même pour plus tard, et à ceux qui voudront profiter du conseil. Garde l'oeil ouvert, et l'épée au fourreau, tant que tu n'as pas librement décidé du contraire."

Le tatoueur avait déposé près de l'inconnu les volutes étranges d'une écriture que Symon, qui maîtrisait à peine celle de son propre peuple, avait sans doute déjà eue sous les yeux mais jamais mémorisée. Les livres lui plaisaient, et ses nouveaux amis depuis quelques temps en avaient largement l'usage pour certains, mais il ne se livrait pas si aisément à leur déchiffrage et s'en tenait, pour ne pas perdre son temps, à la bonne vieille littérature anglo-saxonne des quotidiens et autres feuilletons de gare disponibles à bas prix. Les livres de recettes trouvaient également grâce à ses yeux, notamment celles des boissons locales et leurs mystérieux secrets gustatifs. Cette orthographe lui rappelait vaguement cet agaçant gothique dont s'ornaient parfois les titres, mais il savait bien que ça n'en était pas : c'était plutôt un truc ésotérique, de sorcellerie peut-être. Il n'avait pas eu le temps de haïr les sorciers, secouru par l'un d'entre eux juste après avoir été lésé par un autre, mais il les tenait tout de même à l'oeil : on ne sait jamais.

"Et toi, camarade ? De quoi tu veux te souvenir ? Mon intuition me dit que c'est pas une prière au petit Jésus."

Symon Akmagus
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